The St-Albert Co-operative Cheese Manufacturing Association

La Fromagerie St-Albert

Dans les années 1880, on entre dans l’ère de la production laitière. Le fromage est alors fabriqué de façon artisanale. Dans les années 1890, un groupe de cultivateurs visionnaires se regroupent pour jeter les bases du coopératisme afin de transformer le lait qui est produit sur leurs fermes.

Le 8 janvier 1894, la fondation de la Saint-Albert Co-operative Cheese Manufacturing Association est créée par les 10 membres fondateurs, soit Génier, Cheffer, Clément, Forgues, Labelle, Ouimet, Pinsonneault, Quesnel, Richer et Trudeau. Leur but est de produire du fromage dans un bâtiment construit sur le lot 19 de la 10e concession du canton de Cambridge. Un cheddar de grande renommée est né.

Un épisode dans l’histoire de la Fromagerie #743 de Saint-Albert, apparaît inexplicable aujourd’hui. C’est la vente de la coopérative laitière à Valmore et Bourbonnais pour la somme de 4300$ le 2 mars 1931, comme en fait foi le document officiel signé par Arthur Clément, président, et Joseph P. Meilleur, secrétaire. D’aucun se demande les raisons de cette transaction. C’est d’ailleurs lors de cette vente, que l’on découvre que Louis Génier, 19 ans après sa mort, est ni plus ni moins propriétaire de la fromagerie. Aussi, son fils prêtre, Alphonse, qui est exécuteur testamentaire, doit venir pour signer l’acte officiel de transfert à la St-Albert Co-operative Cheese Manufacturing Association.Toutefois, huit ans plus tard, les patrons d’alors et producteurs laitiers du moment se regroupent à nouveau, se ravisent et rachètent leur fromagerie de Valmore et Bourbonnais pour la somme de 8500$. Ceci comprend 5 000 $ pour la propriété, l’édifice et le terrain et 3000 $ pour la machinerie, les outils et les ustensiles utilisés dans la fabrication du fromage. Le contrat qui suit atteste cette heureuse initiative du 1er mai 1939.

En 1948, on assiste à l’amalgamation des fromageries environnantes. En 1949, on entame la construction d’un nouveau bâtiment, plus grand. En 1950, c’est l’inauguration de ce nouvel édifice du plan laitier coopératif complètement modernisé. Par contre, les années qui suivent seront parmi les plus difficiles de l’histoire de la fromagerie. En 1953, la fromagerie recherche des débouchés sur le marché.  Le bureau de direction du nouveau Plan laitier coopératif Saint-Albert est présidé tour à tour par Aurel Cayer, Henri Bourgeois, Jacques Landry, et Gérald Quesnel. Durant ces années, on ne remet aucune ristourne.

Dès son arrivée à St-Albert, le curé Arsène Hébert s’infiltre partout comme un coup de vent. Entre autres, il ne manque rien des activités de la fromagerie. Non seulement assiste-t-il aux réunions générales et à celles du conseil d’administration mais aussi, il participe généreusement à tellement de décisions. Débordant d’énergie, tantôt vif observateur, tantôt instigateur enthousiaste, parfois provoquant, mais toujours, il se montre à l’écoute, encourageant et optimiste. À l’hiver 1957, c’est lui qui visite les gens du village pour recevoir les commentaires sur la réorganisation et l’expansion du plan, ainsi que pour recruter de nouveaux membres. Puis, le 31 octobre 1957, il apporte sa contribution financière de 600$. À une assemblée générale spéciale du 28 mars 1957, alors que la fromagerie risque toujours la faillite et que malgré tout, l’on refait le plancher de ciment pour environ 900$ et que l’on propose d’acheter une paraffineuse afin de réaliser un profit de 23¢ la meule de fromage, le curé Hébert, dans un élan d’ardeur impétueux, invite tous les membres à un appui inconditionnel.

Durant cette difficile décennie, deux solides coopérateurs risquent leur avoir dans la fromagerie. Obligatoirement, tous les directeurs signent pour se porter financièrement responsables du plan laitier coopératif. À un certain moment, les membres n’ont pas été payés durant deux mois, affirme un gérant, parce que le fromage ne se vendait pas. Toujours est-il que Joseph Philippe Adam s’entend avec son gérant pour une avance d’environ 7 000$. Quant à Exavier Cayer, la banque débite son compte de quelque 10 000$!  Après des années d’inquiétude et de tourment, le remboursement arrive enfin. 

Victoire! Le pire est évité; le succès viendra, l’avenir semble maintenant plus prometteur puisque le fromage cheddar est maintenant davantage en demande d’autant plus que la fromagerie a accès au marché d’Ottawa. Dans les mêmes années, deux hommes, qui joueront par la suite un rôle crucial pour la St-Albert Co-operative Cheese Manufacturing Association, Raymond Lafrance de Mayerville et Alban Couture de St-Isidore sont embauchés le 1er mars 1958. Raymond débute à 85$ par semaine, Alban à 80$. En plus, on leur alloue 15% sur la prime du fromage. 

En 1966, le cheddar St-Albert acquiert sa renommée. En 1979, la fromagerie devient membre de la Fédération de l’agriculture. En 1984, le cheddar St-Albert est jugé 1er au Canada et 4e au monde. Durant la décennie des années 60, le chiffre d’affaires passe de 530 300$ à 1 271 336 $. Dans les années 70, quelques rénovations sont faites à l’édifice. On voit l’avenir avec confiance.

Que d’événements marquent les années 80 ! Le gérant est toujours Raymond Lafrance et ce jusqu’en 1988 alors qu’il prend sa retraite. En 1983, on abandonne l’appellation  «Plan laitier  coopératif» en faveur de ‘Fromage St-Albert Cheese’. En 1994, la fromagerie célèbre son 100e anniversaire, c’est aussi dans le cadre du 100e anniversaire qu’a lieu, en 1994, la première édition du Festival de la Curd. Cet événement estival qui a lieu chaque année durant la 3e fin de semaine du mois d’août est aujourd’hui devenu un rendez-vous incontournable qui attire des dizaines de milliers de participants dans l’Est ontarien (www.festivaldelacurd.ca).

La Fromagerie St-Albert ouvre une seconde boutique à Orléans en 2005, sous le nom Cheddar Et Cetera, et acquiert en 2009, la Fromagerie Mirabel située à Saint-Jérôme, au Québec. Au fil des ans, plusieurs des fromages produits à St-Albert remportent des prix lors de compétitions nationales et internationales, notamment à la Toronto Winter Fair, à la Spencerville Fair, au British Empire Cheese Show ainsi qu’au Grand prix des fromages canadiens. 

Le 3 février 2013, l’usine et le magasin de la fromagerie sont détruits par le feu. Dans les jours qui suivent, on se réorganise, la production est rapidement transférée dans d’autres usines afin de continuer à desservir la fidèle clientèle. C’est toute la communauté qui se mobilise. Le 3 février 2015, c’est la réouverture officielle d’un nouvel édifice moderne hébergeant l’usine de transformation, un casse-croûte et un magasin où sont vendus des produits locaux et tous les fromages produits à la fromagerie. Depuis les derniers 30 ans, Réjean Ouimet, succédé par Éric Lafontaine, gère les affaires courantes de la Fromagerie St-Albert. 

Roger Cayer, Souvenance de la fromagerie #743, 1994

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