La coopération au coeur du développement économique de St-Albert

Vers la fin des années 1800, avec la venue des défricheurs devenus cultivateurs, le mouvement coopératif débute à St-Albert. Des visionnaires convaincus ont mis en marche le mouvement centré sur l’entraide et les besoins communautaires. Les temps étaient difficiles mais les citoyens avaient de profondes valeurs familiales, d’unité et d’entraide favorisant le développement. Au cours de notre histoire, plusieurs coopératives ont laissé leur marque dans la communauté : la Fromagerie, la Coopérative agricole, la Caisse populaire et, plus récemment, le Groupe communautaire St-Albert. La coopération a bénéficié aux citoyens permettant l’expansion économique. Par exemple, à l’époque, les membres producteurs vendaient leur lait à la fromagerie pour la transformation (beurre et fromage). La Coopérative agricole aidait à l’approvisionnement de produits pour la ferme. La Caisse populaire offrait les services d’épargne et de crédit. La fierté francophone de nos institutions et la persévérance de ses membres sont maintenant reconnues. La coopération est une façon de vivre : on ne naît pas coopérateur, on le devient. 

Le 28 juillet 1942 marque la fondation officielle de la Coopérative Agricole de St-Albert Limitée avec l’obtention d’une charte autorisant un capital de 400 parts sociales de 25$ chacune. En 1949, on salue l’arrivée du premier malaxeur à moulées et d’un rouleau à grains. En 1955, on autorise la construction d’une bâtisse de 30 X 16 afin de recevoir le crible acheté pour 150$ le 17 mai 1956. Puis un moulin à coudre les poches vient faciliter la tâche. Et, on s’enrichit d’une mélasseuse et d’un nouveau malaxeur en 1960. En 1963, on renouvelle la moulange au coût de 5 125$. Quatre ans plus tard, un concasseur à maïs vient s’ajouter alors que l’équipement pour moudre les épis de maïs arrive l’année suivante. L’édifice est rénové en 1968, puis le 21 avril suivant, on achète une parcelle de terrain de Sylvio Benoit pour faire une sortie vers l’est. Cette même année, il faut un camion équipé pour la moulée.

Puis, le dimanche du 9 octobre 1977 c’est le drame, le feu rase complètement les édifices de la rue Principale. Il faut repartir à zéro. Tout un défi! On projette de bâtir au sud du village, au bout de la rue St-Paul. Le projet est bloqué. Finalement, le 12 novembre, on achète pour 20 000$ un terrain de Jacques et Laurette Lauzon, lot 17, concession 9. Tout se réalisera grâce à la détermination de son gérant et des coopérateurs, et ce, malgré les fortes réticences de United Coop of Ontario. Le 18 novembre 1978, c’est l’inauguration officielle de la Coopérative Agricole qui «recommence à neuf dans de nouveaux bâtiments construits sans emprunter» comme le titrait Guy Lacombe dans Le Droit du mercredi 15 novembre 1978. À ce moment, l’édifice a 165 pieds de long avec une surface de 6 000 pieds carrés et une capacité de 550 tonnes en vrac. C’est à Émile Laplante que revient l’honneur de couper le ruban alors que l’abbé Gilles Tanguay bénit les lieux.

En 1992, la Coopérative célèbre ses 50 ans d’existence. Elle compte alors 391 sociétaires, un personnel de 8 employés qui offrent les services suivants: moulée, semences, engrais chimiques, arrosage à forfait, quincaillerie, fournitures de ferme et essence. Son conseil d’administration est alors composé de 5 membres. En 1993, alors que Gilles Sabourin est président du Conseil d’administration, la quincaillerie est agrandie de 3 000 pieds carrés pour mieux desservir sa clientèle, non seulement de St-Albert, mais aussi de Crysler, Moose Creek et Berwick.

Suite au vote historique du 28 mai 1998, les membres sociétaires acceptent la fusion de 7 coopératives: la Coopérative Agricole de Saint-Albert Ltée, la Coopérative Avicole St-Isidore Ltée, la Société Coopérative Agricole de Casselman Inc. et la Coopérative Agricole de l’Est ontarien Inc., soit les coopératives de Clarence Creek, Vankleek Hill, Alexandria et Cornwall. Avec la nouvelle Coopérative AVANTAGE, le gérant général Daniel Brault prévoit des ventes de 34 millions.  Aussi, plus de 1 400 membres jouiront d’un plus grand pouvoir d’achat, particulièrement dans les secteurs alimentation et santé animale, grandes cultures, pétrole et biens de consommation. On conserve tous les employés; ils auront d’ailleurs plus de chance de se spécialiser, dit-on. Sous la présidence de Gérald Benoit, le 31 août 1998 marque la fin de la Coopérative Agricole de Saint-Albert – comme on l’a connu – qui atteint à ce moment-là un chiffre d’affaires à St-Albert de 4,6 millions. 

Notre Caisse populaire, image de coopération, de stabilité, de ténacité, d’engagement social et communautaire! La Caisse populaire de St-Albert est née de l’initiative locale. Suite à l’échec de la Banque provinciale, qui n’a pu maintenir ses services à cause d’une gérance extérieure et fort probablement par manque d’implication totale dans la communauté, force a été de se rendre à l’évidence que seuls les gens d’ici pouvaient prendre les mesures pour s’offrir les services financiers dont ils avaient besoin. Riches d’au moins deux expériences concluantes, celle de la Fromagerie Coopérative du village et celle de la Coopérative Agricole, le moment était venu pour qu’en 1944, St-Albert se dote d’une Caisse populaire.

Après des débuts difficiles, notre Caisse affiche une performance remarquable, dont la plus haute réserve proportionnelle en Ontario vers 1998. La Caisse affirme alors sa présence dans sa communauté comme chef de file véritable, déterminée et efficace en étant proche de sa clientèle et en offrant une gamme de services financiers concurrentiels. Suite à une fusion au tournant des années 2000, la caisse de St-Albert s’associe avec des caisses avoisinantes pour devenir une succursale de la Caisse Nouvel-Horizon. En avril 2016, coup de théâtre, la Caisse populaire Nouvel-Horizon annonce que sa succursale située à St-Albert, pourtant rentable, fermera ses portes en décembre de la même année. La direction allègue alors que la baisse de l’achalandage explique la fermeture. Un guichet automatique sera finalement maintenu dans le village jusqu’en 2021. 

Le Groupe communautaire St-Albert voit le jour en 2016 alors en tant que coopérative. Il s’engage à développer, fournir et maintenir des outils essentiels pour notre communauté franco-ontarienne en milieu agricole et rural. L’engagement du groupe était clair : sauver notre école alors menacée de fermeture. Leur premier projet a été audacieux : transformer les locaux de la Caisse populaire vacante en une garderie, qui fut par la suite opérée avec succès pendant plusieurs années avant d’être reprise par un autre organisme à but non lucratif. Mais ce n’était pas tout. Le groupe a insufflé une nouvelle vie à notre village en revitalisant la rue Principale et en rassemblant les acteurs-clés de la communauté. Aujourd’hui, devenu un organisme à but non lucratif, le Groupe communautaire St-Albert continue son engagement communautaire, celui de jouer un rôle essentiel dans le développement et l’avenir florissant de notre village. Un exemple inspirant de la puissance de la collaboration pour façonner un avenir dynamique.

Roger Cayer, St-Albert, 125 ans de vie, 1999, p. 188 à 207

https://uniquefm.ca/infos-unique/la-caisse-populaire-de-st-albert-ferme-23833

http://coopmonstalbert.com/