Les communautés disparues
Il est fascinant de remonter le temps et d’explorer les vestiges de quelques communautés qui ont jadis animé la région de ce qui est aujourd’hui St-Albert. Des noms tels que Mayerville, Longtinville et St-Albert-Station résonnent dans l’histoire, mais ont disparu au fil du temps, chacune pour des raisons uniques. Plongeons dans le passé pour découvrir le riche héritage de ces communautés éphémères qui ont contribué à façonner notre village et ses environs.
Mayerville est un ancien village fondé avant St-Albert, vers 1825. Ce village est situé à trois milles de Casselman et à trois milles de St-Albert. Étant donné sa position avantageuse sur la route Berwick-Casselman, Mayerville était déjà un hameau alors qu’il n’y avait qu’une chapelle à St-Albert lors de sa fondation en 1874. Ce hameau se trouve sur le coteau du rang St-Albert est, au coin où la route tourne au nord vers Casselman sur les lots 9 des IXe et Xe concessions. C’est là en effet, dans la partie sud du canton, que s’installèrent les premiers colons défricheurs, les Écossais. C’est sur les coteaux de Mayerville que les charrues des colons creusèrent les premiers sillons. Ces Écossais venaient des cantons adjacents au sud. Les Écossais s’étaient établis surtout sur les coteaux de Mayerville et aussi sur ceux du côté de la St-Albert Station. Une particularité encore notée aujourd’hui, lorsque les premiers bâtiments de ferme sont encore debout, est qu’ils ne sont pas en bordure de la route mais plutôt à mi-distance des deux extrémités du lot. Rien d’étonnant à cela. Ce qui saute d’abord aux yeux est que ces bâtiments sont bien au sec sur des coteaux; ce qui est bien sensé et aussi bien dans la tradition des Highlanders. Il y avait également une raison d’ordre pratique: lorsque les bâtiments de ferme sont au milieu du terrain, le fermier n’a pas loin à parcourir pour aller travailler ses champs. Si, par la suite, les fermiers se sont rapprochés de la route c’est peut-être parce qu’ils ont été remplacés par les Canadiens français et qu’ils aiment avoir leurs voisins à portée de vue pour un brin de causette. Encore aujourd’hui lorsqu’on passe dans la concession IX, on remarque que certaines fermes sont très loin du chemin, coutume Highlanders des Écossais. Par exemple, on remarque chez Benoit Boulerice, François Cayer, Miguel Cayer que leurs résidences sont éloignées du chemin. Les premiers Canadiens français sont arrivés à Mayerville vers 1860; les premiers sont Joseph Meilleur et Alexandre Matte. Quand Alexandre Matte est arrivé à Mayerville, il s’est bâti une cabane de bois et il est retourné chercher sa femme et ses trois frères à St-Anicet. Le village a commencé à progresser à vue d’œil, les colons arrivaient en grand nombre à l’époque.
Le curé Chénier avait, semble-t-il, demandé qu’une gare soit construite à St-Albert. Son désir fut d’ailleurs réalisé en 1925. Rappelons nous qu’en 1882, le Canada Atlantic passait à l’est du village et n’arrêtait seulement qu’à Casselman alors que le New-York Central, à partir de 1897, passait au sud-ouest de la paroisse sans toutefois traverser le village de St-Albert. Une gare y fut finalement érigée en 1925 et Arthur Foucher fut engagé pour entretenir la gare. Il était également propriétaire d’un magasin qui était situé non loin de cette gare.
L’ouverture de la nouvelle station du chemin de fer New-York Central à l’ouest de St-Albert, est également due à la détermination du dévoué pasteur, permettait ce nouvel arrangement. Désormais, le courrier viendra par le New York Central, sera recueilli à la gare de St-Albert et apporté au bureau de poste du village; de là, il sera classé et distribué dans tous les rangs de la paroisse. À quelques arpents à l’ouest de la gare du New York Central, il y a eu pendant longtemps une carrière de marbre, celle-ci fut connue dans le monde commercial sous le nom de Silver Stone Black Marble. C’est une pierre très noire, veinée de gris, qui peut recevoir un poli très vif. Elle fut vendue comme marbre de décoration intérieure à cause des veines qui laissent pénétrer l’humidité. Elle ne peut servir à l’extérieur car le froid l’affecte. Elle est à l’époque expédiée à New York, Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver. À Ottawa, on peut l’admirer dans la décoration intérieure de l’édifice de la Commission hydro-électrique d’Ottawa entre Bank et Albert ainsi qu’au bureau de poste central sur la rue Besserer.
La mort du curé Chénier en 1940 est l’une des raisons principales de la disparition de St-Albert Station. Avant sa mort, le curé Chénier voulait fonder un village à St-Albert Station. Il y en avait qui était pour, d’autres contre. Tout a été abandonné après sa mort; on a enlevé la gare.
La vie municipale
Sans doute que la municipalité est une structure politique. Toutefois, elle est d’abord et avant tout un rassemblement de personnes humaines qui se créent un avenir commun, depuis hier à aujourd’hui et en vue de demain, dans un territoire spécifique. Elle n’existe en somme, que pour et par ses citoyennes et ses citoyens.
Le territoire où est situé St-Albert fait partie de ce qui, pendant longtemps, fut appelé le canton de Cambridge du comté de Russell. Il a été colonisé d’abord par les Écossais, puis par des Canadiens français. En 1837, on avait trouvé deux colons dans le canton : l’un franc-tenancier, Donald McGillis, qui occupait dans une fourche du ruisseau Butternut le lot 7 de la IXe concession, et sur un coteau près de la frontière sud un squatter du nom de Kennedy, qui tenait le lot 12 de la Xe concession. Jusqu’en 1880, il n’existe pas de chiffres pour St-Albert distinctement du reste du canton. Cependant, il semble que le reste du canton était peu habité avant cette date, de sorte que les chiffres pour tout le canton s’appliqueraient surtout à St-Albert.
Le premier conseil municipal du canton prit place en 1857 et celui qui devint le premier maire de Cambridge est nul autre que Martin Casselman, fondateur du village du même nom. Puis, après 1880, même si la population de la paroisse (assise sur un sol plus fertile) a moins fluctuée que celle de d’autres régions du canton, elle a quand même été soumise à des influences semblables, à certains égards. Sur une population globale de 200 âmes en 1851, on comptait 28 Canadiens français, à peine une vingtaine d’Irlandais, une quarantaine d’Anglais et le reste était composé d’Écossais. C’était un début satisfaisant, si l’on considère qu’en 1840 il s’y trouvait à peine quelques colons ou squatters. En 1850, nous voyons une petite poignée de Canadiens français s’installer en terre ontarienne au milieu d’Anglo-Saxons. Ce mouvement de migration des Canadiens français vers Cambridge semble coïncider avec un grand mouvement de migration des nôtres vers l’Ouest canadien et vers les États-Unis. Mgr Guigues, qui dirigea les destinées du diocèse d’Ottawa de 1848 à 1861, fonda le 3 septembre 1849, un mois après son sacre, une société de colonisation dont il fut le président. Cette société avait pour but d’attirer les colons dans le diocèse d’Ottawa en leur fournissant des renseignements, en intercédant pour eux auprès du gouvernement, etc. On affirme que «la colonisation fut la grande affaire de sa vie».
Si l’on veut bien noter que le «boom» de Casselman ne date que de 1885, on peut affirmer avec assez de certitude que le mouvement de colonisation est circonscrit à la partie sud du canton, où se trouve aujourd’hui St-Albert. En 1880, St-Albert est en effet la seule paroisse du canton. À ce moment-là, le mouvement de la population de Cambridge s’applique surtout à St-Albert. Cependant, à partir de la construction du chemin de fer Canada-Atlantique en 1882, le mouvement de colonisation va se déplacer en faveur de Casselman et de South Indian (aujourd’hui Limoges) où passe ce chemin de fer. La population de St-Albert a diminué de façon constante au 20e siècle pour trois raisons principales : la fin de la période de défrichage, la mécanisation des fermes et l’abandon de terres non-productives.
Le gouvernement ontarien de Mike Harris, alors déterminé à transférer des responsabilités provinciales aux municipalités, incite fortement celles-ci à s’unir pour qu’elles soient plus en mesure de payer la note. Ainsi, avec l’élection du 10 novembre 1997, est née notre nouvelle municipalité La NATION, une amalgamation de Cambridge, Plantagenet-Sud, Saint-Isidore et Calédonia. Une nouvelle municipalité rurale de 750 kilomètres carrés. Les membres du premier Conseil municipal se composent de Claude Gravel, maire et de 4 conseillers: Gary Bradley, quartier 1, Gaston Levac, quartier 2, Claude Lafrance, quartier 3 et Raymond Lavigne, quartier 4. La communauté de St-Albert est, depuis cette fusion, représentée à la table du conseil par le conseiller municipal du quartier 3.
La vie communautaire
Qu’est-ce qui pousse l’être humain à agir? Sans doute les besoins d’appartenance d’engagement et de réalisation. Nos organismes associatifs, sociaux, culturels et sportifs, symboles de richesses personnelles et collectives, permettent l’épanouissement de notre communauté.
Union culturelle des Franco-Ontariennes
Le cercle de l’U.C.F.O. de Saint-Albert est fondé le 12 novembre 1948 par Jeanne Lauzon. Une femme de coeur, organisatrice, possédant des qualités de chef et respectueuse des idées des autres! Aussi, tient-elle les rênes de l’U.C.F.O. pendant 14 ans, de 1948 à 1962. Le comité fondateur est composé de: Jeanne Lauzon, présidente, Eva Cayer, vice-présidente, Lorraine Lavergne secrétaire et des directrices Marie-Jeanne & Thérèse Adam, Laura Doré, Réjeanne Bourgeois et Yvonne Tremblay. Les 35 membres d’origine paient chacune un dollar de cotisation. Au début, le cercle se nommait l’Union catholique des fermières et il avait comme devise «Aime Dieu, la terre et ton foyer» qui est devenue par la suite: «S’aimer, s’unir, se cultiver». L’association fait la promotion de la femme rurale, favorise son épanouissement et développe la personnalité et les talents en tissant un réseau d’entraide et d’amitié. Originalement, les réunions se tenaient en haut de la Coopérative agricole où il fallait parfois sauter par-dessus des poches de moulée. Le sous-sol puis le gymnase de l’école tiennent lieu de rencontres jusqu’en 1976 alors que l’on rénove la classe portative qui devient le local de l’U.C.F.O. L’inauguration officielle a lieu le 17 septembre 1978. Ce local restera le lieu de rassemblement des dames de l’U.C.F.O jusqu’au tournant du siècle.
Club de l’Âge d’Or
André Deguire, curé, est l’instigateur de la fondation du Club qui débute avec 32 membres le 4 février 1971. Hector Ouimet est le premier président alors que Marie-Anne Raymond hérite du poste de secrétaire-trésorière. Les premières rencontres se font au gymnase de l’école; puis, avec une subvention d’Horizons Nouveaux, la sacristie est rénovée et le Club de l’Âge d’Or s’y installe en 1975. Enfin, c’est le 4 mai 1983 que le Centre communautaire accueille les aînés dans le local spécialement aménagé pour eux. Comme les voyages forment la jeunesse, c’est tout aussi bon pour l’esprit des aînés. Aussi, en 1973, les membres visitent la région pittoresque de la Gaspésie et en 1974, 24 membres font une tournée de l’Ouest canadien, toujours sous la direction du guide André Deguire. Après plusieurs décennies de rassemblements chaleureux des aînés, suite à la pandémie de 2020 et avec une participation beaucoup moins présente lors de ses activités, les dirigeants du club ont pris la décision difficile de mettre fin aux activités de l’organisme devenu, entre-temps, le Club des Bons Amis en 2021.
Club Optimiste
Pierre Séguin est le président fondateur du Club Optimiste de Saint-Albert le 26 février 1984. Les membres Optimistes s’identifient comme «Ami de la Jeunesse». Soucieux du mieux-être des jeunes, le Club favorise leur épanouissement et leur engagement en leur proposant de participer à diverses activités sociales et culturelles, éducatives et récréatives. Au cours des années, les Optimistes sont devenus un pilier au cœur de St-Albert, non seulement ont-ils brillamment œuvrés à collecter des fonds destinés au développement de la jeunesse locale, offrant ainsi un précieux soutien financier à diverses causes. Leur impact s’est également manifesté à travers une variété d’activités communautaires allant de rodéos de vélos aux journées de pêche à la barbotte, des soupers variés, des carnavals festifs et des collaborations fructueuses avec notre école. Les célèbres danses des jeunes des vendredis soirs, une tradition qui a marqué des générations de jeunes.
Les Chevaliers de Colombs
Le Conseil André Deguire #9239-58 des Chevaliers de Colomb de Saint-Albert prend son envol le 27 février 1986, sous la gouverne du Grand Chevalier Léo Ouimet alors que l’aumônier est l’abbé Jean-Pierre Fredette, curé. Identifiés comme bras de l’Église, les Chevaliers de Colomb ont une mission particulière et première auprès de leur Église, paroisse et familles, en plus de venir en aide aux personnes handicapées et dans le besoin.
La Corde à Linge Communautaire
La Corde à Linge Communautaire de St-Albert est un organisme à but non lucratif fondé en 2000. Plus d’une trentaine de bénévoles donnent de leur temps de façon hebdomadaire, soit au triage des articles reçus ou au magasin qui est destiné au grand public. Autrefois, les magasins de recyclage étaient destinés seulement aux gens à grands besoins. Depuis, la société a changé et c’est maintenant « cool » d’aller voir les trésors qu’on peut y trouver. La Corde à Linge redonne plus de 40 000 $ par année en dons aux familles dans le besoin et à divers organismes tels que la Banque alimentaire, les écoles, les Services communautaires de Prescott-Russell, Groupe Action, la Maison de la famille, Valoris (lutins (lutins de Noël), l’hôpital Elizabeth-Bruyère, l’hôpital de Winchester, l’hôpital Montfort, l’hôpital Général d’Ottawa, l’hôpital de Hawkesbury, le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, le Centre Novas, le Centre Myriam, Autisme Prescott-Russell, la paroisse de St-Albert et aux organismes locaux pour appuyer de nouveaux projets.
Le Centre Communautaire de St-Albert
Notre centre, lieu de rencontres diverses, s’avère l’endroit idéal pour nombre d’activités tant associatives et familiales que culturelles, récréatives et sportives. L’édifice construit en 1971, sur un terrain de 10 arpents acheté de Jean-Maurice Lavergne au coût de 5 000$ par le canton de Cambridge, est agrandi et rénové selon un modèle unique avec estrade surélevée ainsi que deux ailes latérales, chacune agrémentée d’un bar avec une capacité de 569 personnes. Des événements marquants et rassembleurs y ont lieu au cours des années. Le centre a hébergé sous son toît divers groupes au cours des années tels que l’Âge d’Or, les Chevaliers de Colomb, le Club Optimiste, la Bibliothèque municipale, l’U.C.F.O et la Corde Linge communautaire. En tant que hub communautaire, il a servi et sert encore de lieu central de convergence où les liens communautaires se renforcent et prospèrent.
Roger Cayer, St-Albert, 125 ans de vie, 1999, Page 40 à 58 et p. 137 à 150 – p.209 à 224