Une tragédie au coeur de l’hiver

C’était un dimanche matin d’hiver ensoleillé, où, un peu après 10h, on pouvait voir un gros nuage de fumée noire dans le ciel en direction du village de St-Albert. Ce nuage foncé au-dessus de notre petite communauté allait ébranler notre quotidien paisible. De bouche à oreilles, on apprit rapidement que c’était la Fromagerie St-Albert qui était en flammes. Quelle tragédie ! « Selon la Police provinciale de l’Ontario, l’incendie s’est déclaré peu avant 10 h… soit une quarantaine de minutes après l’ouverture de la fromagerie au public», écrit dans un article de Radio-Canada, publié le 3 février 2013. Les pompiers volontaires du village et des municipalités avoisinantes se rendirent rapidement sur les lieux pour porter secours et tenter d’éteindre le feu qui était déjà très féroce et destructeur. Les habitants du village étaient regroupés devant ce triste spectacle où tous se demandaient ce qui allait se passer. Heureusement, il n’y a personne qui a été blessé. Selon un article de Samuel Blais-Gauthier du journal Le Droit, aussi publié le 3 février 2013, « De nombreux employés étaient aussi sur place pour constater les dégâts, dont Dany Boudreau, qui est aussi pompier volontaire de la municipalité. Ça faisait très longtemps que je cherchais du travail. Je travaillais à la fromagerie depuis seulement deux semaines. J’ai appris que je perdais mon emploi en recevant l’appel au poste. François Dupuis, lui, était employé à la fromagerie depuis huit ans. -Je ne sais pas encore ce que je vais faire.». 

Les pompiers du village, ainsi que les pompiers de Casselman, Limoges et Embrun, qui étaient venus leur prêter main-forte, ont combattu l’incendie durant plusieurs heures jusqu’en après-midi. Les ravages étaient significatifs. C’était une perte totale. Le maire de l’époque, François St-Amour, était aussi sur les lieux à regarder la scène. Cité du même article du journal Le Droit, il a déclaré d’un air atterré « C’est terrible, 120 personnes se retrouvent sans emploi ce matin. Ce n’est pas seulement une bâtisse qui est en train de partir en fumée, mais une partie de notre histoire. ». Les médias étant également présents, étaient en train d’enregistrer cette page de notre histoire. Une autre membre de la communauté, Karine Desjardins, témoignait à Radio-Canada ce jour-là « qu’elle ne perdait pas seulement son emploi, mais aussi sa famille… C’était un endroit chaleureux. ». 

Malgré ces émotions tristes vécues le 3 février 2013, le conseil d’administration représentant les membres de la coopérative étaient déjà convaincus de rebâtir. Réjean Ouimet, ancien directeur général de la fromagerie, a été cité par Radio-Canada en ce même jour tragique : « Le directeur général de la fromagerie, Réjean Ouimet, s’est dit complètement dévasté par les événements, mais confiant que la coopérative pourra renaître de ses cendres. ».

La population de St-Albert a toujours été connue pour ses valeurs collectives de convivialité sociale. Quand l’adversité frappe, on se rallie et on s’entraide afin de se rétablir. Comment avons-nous surmonté ce défi ? Avec les valeurs humaines fondamentales de l’empathie et de l’amour pour notre prochain. Ensemble, nous avons posé des gestes marquants de résilience qui auront fait une différence pour notre avenir. Cet événement singulier a profondément marqué notre communauté. Pendant cette période, les portes de notre école ont été ouvertes aux employés de la fromagerie locale, qui ont établi temporairement leurs bureaux dans la petite école du village. Les membres de la communauté scolaire ont partagé des moments mémorables en interagissant quotidiennement avec l’équipe de la fromagerie. Les enseignants, membres de la direction et autres intervenants scolaires de l’école, ont également profité de cette collaboration inattendue pour chercher des moyens de collaborer et d’intégrer cette expérience unique pour enrichir l’apprentissage des élèves. L’esprit d’équipe et d’entraide a été constant, et la communauté a tiré parti de cette expérience pour renforcer ses liens. La première pelletée de terre du projet de reconstruction a symbolisé le début d’un processus qui s’est achevé en moins de 17 mois, le 13 septembre 2013. Cette étape a marqué la résilience et la détermination de notre communauté à surmonter les épreuves et à rebâtir ensemble.

Deux ans seulement après l’incendie, jour pour jour, a lieu l’ouverture officielle du nouveau bâtiment de la Fromagerie St-Albert. Lors de cette célébration du 3 février 2015, la présidente de la Fromagerie, Ginette Quesnel, a déclaré : « C’est dans la joie que nous tournons aujourd’hui la page sur ce triste épisode de notre coopérative. Dans la joie et dans la fierté. ». « Nous ne voulions pas simplement bâtir pour remplacer, mais bâtir pour innover! » a ajouté Éric Lafontaine, nouveau directeur général. 

Bien que cette page de notre histoire s’est bien terminée, dix ans plus tard, nous avons pu songer aux effets de la tragédie sur notre communauté. Voici des extraits d’un article publié par Radio-Canada le 3 février 2023. « Mais la route entre l’incendie du 3 février 2013 et cette réouverture a été parsemée d’embûches. Il aurait été facile d’abandonner, mais la Fromagerie St-Albert tenait à renaître de ses cendres. Nos clients ne voulaient pas que ça s’arrête, et nous autres non plus, se rappelle ainsi l’ancien directeur général de la fromagerie, Réjean Ouimet, en entrevue à l’émission Les matins d’ici. Toutefois, les années qui ont suivi l’incendie n’ont pas été faciles pour le personnel de la fromagerie. L’ancien directeur général n’a d’ailleurs rien oublié. On n’avait plus de fromagerie ni de deuxième famille. C’était triste de voir nos employés sans travail. Il fallait s’occuper d’eux, s’assurer qu’ils aient du chômage. À court terme, la direction s’est entendue avec la Fromagerie Champêtre, en sol québécois, pour la production de fromage en grains. Elle a aussi installé “une petite roulotte virée en magasin” pour poursuivre la vente. C’était important de poursuivre nos activités! On a rappelé des employés qui sont revenus assure Réjean Ouimet. 

Dix ans après l’incendie, la Fromagerie St-Albert se trouve dans une meilleure posture qu’elle ne l’était auparavant, selon son directeur général Éric Lafontaine. Alors que les premières années suivant l’incendie ont été extrêmement difficiles, le directeur général de l’établissement affirme qu’aujourd’hui les affaires se portent bien. Avec dix ans de recul, il y a des choses que tu apprends, que tu comprends. C’est sûr que maintenant on est dans une meilleure posture, parce que pendant la reconstruction, on a pris la décision d’investir beaucoup plus que ce que les assurances nous remboursait, explique-t-il. L’entreprise avait repris ses activités deux ans plus tard dans une nouvelle usine plus moderne et 30 % plus grande que l’ancienne. 

 

Liens d’articles sur le web : 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/598641/incendie-fromagerie-st-albert

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1953324/incendie-fromagerie-st-albert-2013-expansion-est-ontarien

https://www.ledroit.com/2023/02/08/fromagerie-st-albert-la-force-de-se-relever-dun-incendie-efdaff9f1a574baebbd3da820c5e4744/

https://onfr.tfo.org/la-fromagerie-st-albert-un-exemple-de-resilience-dix-ans-apres-lincendie/

https://www.ledroit.com/2013/02/03/la-fromagerie-st-albert-senvole-en-fumee-d910ab6bfc6df91c7aef4e4db2e0e1ac/

https://www.tvanouvelles.ca/2013/02/03/un-incendie-ravage-la-fromagerie-st-albert

https://fromagestalbert.com/deux-ans-plus-tard-la-fromagerie-st-albert-renait-de-ses-cendres/